Nicolas Habas, sourire aux lèvres et regard profond, m’ouvre la porte de son appartement, situé sur les quais de Saône. En regardant par la fenêtre les péniches à quai, nous parlons de son intérêt pour la littérature. Enfant solitaire, il a très tôt cultivé une passion pour la lecture qui le conduira, quelques années plus tard, en Lettres Modernes. Mais les études ne l’intéressent plus depuis longtemps. Le mouvement rock alternatif et l’aventure des radios libres seront pour cet autodidacte revendiqué des évènements fondateurs. La cigarette aux lèvres, il me parle avec nostalgie de cette époque, celle de l’adolescence, où il organisait des concerts et animait une émission radio, entre autres. Il aimait être au cœur d’évènements culturels, mais il ne savait pas encore dans quelle pratique se projeter…
Puis il fait, à quelques jours d’intervalles, deux rencontres significatives : le cinéaste John Lvoff, qui fut assistant de Resnais, et le romancier Jean-Bernard Pouy, auteur de la série Le Poulpe, entre autres. Deux rencontres qui l’aident à prendre confiance et c’est le déclic. Il quitte la fac et se tourne exclusivement vers le cinéma. Il devient projectionniste, ce qui lui permet de voir beaucoup de films et d’avoir du temps pour écrire. Parallèlement à cela, il participe à autant de projets qu’il peut et crée une association avec des amis, fous de cinéma et projectionnistes itinérants comme lui, les Petits Bolides. Association grâce à laquelle ils réaliseront ensemble leurs premières expériences significatives. Il s’agit, pour l’anecdote, de Jérôme Dubreuil, qui signe la musique de Mauvaise Graine et de Nicolas Riffaud, qui en signera l’affiche.
Il tourne son premier court-métrage en vidéo dans le
cadre d’un défi jeune, En Attendant Septembre, avec, déjà, le soutien du FAS, devenu aujourd’hui l’ASCE. Après avoir réalisé ce premier film, « maladroit » de son propre aveu il comprend que tout ne s’invente pas et se forme à l’écriture. Il réalise quatre ans plus tard son premier court-métrage de fiction en 35mm, Le Mal de Claire, acheté par France 3 et diffusé dans l’émission Libre Court. En 2006, il écrit et réalise La Parole en Chantier, une série documentaire sur un quartier d’Angoulême en pleine réhabilitation urbaine.
Quand on lui demande quel cinéma il fait, il répond : « J’essaye de faire un cinéma qui regarde la société mais je n’aime pas l’étiquette de militant, parce que j’essaye toujours d’éviter les discours univoques et je ne fais partie d’aucun courant, même si je revendique la dimension politique de mon travail. »
Aujourd’hui, Nicolas Habas anime un atelier d’écriture de scénario pour les jeunes professionnels dans une association stéphanoise, Ciel ! les Noctambules et deux de ses projets sont en cours de développement : A l’école du football, un documentaire de 52 min et Mauvaise Graine, un court-métrage sur lequel il travaille depuis deux ans...
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